BORDEAUX MERIADECK – SOLIDARITE GIRONDE
1 IDENTITE DU BATIMENT OU DE L’ENSEMBLE
Nom usuel du bâtiment : Direction Solidarité Gironde Conseil Départemental 33
Variante du nom : la DDASS
Numéro et nom de la rue : 3 bis, rue Corps Franc Pommiès – Terrasse Koënig – îlot 3
Ville : Bordeaux 33000
Pays : France
PROPRIETAIRE ACTUEL
Nom : Conseil Départemental de la Gironde
Adresse : Immeuble Gironde Esplanade Charles de Gaulle – Bordeaux 33000
Téléphone : 05 56 99 33 33
ETAT DE PROTECTION
Type : situé dans le périmètre de la ville de Bordeaux inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO
Date : 2007
Type : Plan Local d’Urbanisme de Bordeaux Métropole
Date : 2006, révisé en 2014 – fiche B9029
ORGANISME RESPONSABLE DE LA PROTECTION
Nom : Ville de Bordeaux
Adresse : Hôtel de Ville, place Pey Berland 33000 Bordeaux
Téléphone : 05 56 10 20 30
2 HISTOIRE DU BATIMENT
Commande
Demande de permis de construire du 3 août 1977 pour des locaux administratifs: bureaux, magasins, archives.
Architectes Jean de GIACENTO, Alain LOISIER et Jacques SALIER
Autres architectes et intervenants SEET : Sté d’études d’ensembles techniques, Agence de Bordeaux
Date de la commande 1977
Durée du chantier 1978 – 1980
Usage Administration – Bureaux
Etat du bâtiment
Moyen – Les murs tagués régulièrement ont été remis en état et habillés de fresques illustrant les services offerts au public dans le bâtiment. Les couleurs d’origine, rouge et noir, qui surlignaient la technique de construction ont été remplacées par une couleur bleue qui n’a servi qu’à rendre ce bâtiment, autrement spectaculaire, banal et ordinaire.
Résumé des restaurations et des autres travaux conduits, avec les dates correspondantes
Le bâtiment a connu plusieurs phases de travaux d’entretien et de réaménagement intérieur, dont l’une en 2001 par le groupe Loisier: les parties peintes en rouge du bâtiment (à l’exception des jardinières béton extérieures, au niveau de l’escalier) ont été peintes en bleu pâle, et les grandes poutres couronnant le bâtiment, initialement noires, en blanc. Ces changements de couleur nuisent à la lecture des techniques architecturales utilisées à la construction et volontairement affichées.
Le plan Vigipirate étant en application lors de ces travaux, l’accès sur dalle, façade ouest, a été supprimé, le sas étant simplement transformé en jardinière.
3 DESCRIPTION DU BATIMENT
L’immeuble se démarque des autres bâtiments du quartier par ses matériaux et choix esthétiques : ossature métallique exprimée en façade, gaines d’aération apparentes.
Pourtant, il respecte les prescriptions imposées sur le quartier par Jean Willerval, architecte coordinateur de l’opération : le bâtiment adopte un plan en « double croix » et une taille de guêpe en rez-de-dalle, accentuée par la transparence du niveau. Les parties en connexion directe avec la dalle (rez-de-rue et rez-de-dalle) restent en revanche davantage dans le vocabulaire du quartier : béton banché à la planche.
En 2016, devant l’importance des dégradations des taggeurs sur les murs, le Conseil Départemental décide de mettre en peinture ces murs, illustrant ainsi l’une des vacations de cette administration.
Le parti constructif de l’immeuble est exprimé en façade : les parties en porte-à-faux sont suspendues à de grandes poutres émergeant du bâtiment, par de larges tirants en acier. Un capotage acier et leur couleur (initialement rouge, et aujourd’hui bleu) les sur-expriment. Ce parti constructif permet en outre de libérer les façades et les espaces intérieurs des branches des croix.
Le rez-de-dalle et l’étage supérieur sont traités en béton banché pour les parties correspondantes aux cœurs des croix, et entièrement vitrées dans les zones de liaison.
Les façades des 6 étages supérieurs sont entièrement traitées en ensembles menuisés : menuiseries extérieures en aluminium anodisé naturel et châssis en aluminium anodisé en bandes horizontales.
Les allèges des menuiseries sont opacifiées par un habillage en tôle pliée (acier laqué ou aluminium anodisé).
L’alignement continu de baies vitrées sur tous les étages avec des pare-soleil horizontaux (en résille d’aluminium) répondent ainsi à la nécessité d’effet de bandes horizontales imposée par Jean Willerval.
Le bâtiment intègre dans sa partie dalle, un grand escalier extérieur, qui permet un accès à la dalle depuis la rue, et des jardinières.
Caractéristiques du bâtiment :
– total de 10 étages, niveaux sous la dalle compris
– hauteur : 39 m NGF
– 8 950 m2 de bureaux
– 1 700 m2 de magasins et archives
– 6 000 m2 de parkings, pour un total de 174 places
Achèvement des travaux et certificat de conformité le 17 juin 1980.
L’esthétique du bâtiment n’est pas sans rappeler celle du centre Georges Pompidou, situé à Paris dans le quartier Beaubourg, inauguré l’année de la conception de ce bâtiment de Mériadeck.
4 RAISONS JUSTIFIANT LA SELECTION EN TANT QUE BATIMENT DE VALEUR REMARQUABLE ET UNIVERSELLE
1 – appréciation technique
Les architectes Loisier, Giacinto et Salier imposent leur projet grâce à deux particularités techniques: la suspension des étages et la maîtrise de l’énergie solaire.
La suspension des étages par des filins arrimés aux poutres posées sur le toit, à l’extérieur de la construction, a l’énorme avantage de remplacer, et donc de supprimer tous les piliers intérieurs. L’espace libéré devient entièrement modulable.
Suspentes extérieures apparentes en profils normalisés HEB. Suspentes intérieures en câbles type suspente de pont.
Le choix de l’alignement de baies vitrées impose de maîtriser l’énergie solaire. Des brise-soleil en aluminium ceinturent les façades. Les zones sont déterminées avec précision par ordinateur en fonction de la position du soleil suivant les saisons, et en fonction des heures d’occupation.
Les pare-soleil sont inclinés suivant un ordre différent selon qu’ils sont orientés Sud, Est ou Ouest.
L’immeuble reprend la conception de nombreuses constructions du quartier : centre occupé par les installations techniques (fluides, escaliers, ascenseurs) et parties extérieures réservées aux bureaux qui reçoivent un maximum de clarté naturelle et de soleil.
En 1970, lorsque les constructions démarrent, les architectes sont obligés de tenir compte de la proximité de la nappe phréatique. La réalisation de la dalle permet d’installer en dessous les zones de stationnement obligatoires. L’immeuble comprend 174 places de parkings.
2 – appréciation sociale
La Direction Solidarité Gironde, ex-Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, est un bâtiment qui accueille du public et contribue à l’animation du quartier.
Un escalier est réalisé en 1985 pour accéder directement à l’immeuble depuis la rue Corps Francs Pommiès.
3 – appréciation artistique et esthétique
Tout en respectant les prescriptions architecturales du cahier des charges rédigé en 1967, comme le plan en croix ou la taille de guêpe, ce bâtiment impose sa particularité par ses matériaux, les formes qui résultent de son mode constructif. Il s’approprie également le vocabulaire formel du quartier et décale ses références vers d’autres courants architecturaux plus en vogue, délaissant la lourdeur du béton pour la légèreté du métal. L’affichage de sa technicité va jusqu’à l’expression de ses systèmes de ventilation dont les cheminées restent apparentes.
Initialement, l’utilisation de la couleur venait également souligner les éléments constructifs : les tirants extérieurs étaient rouges, et les poutres massives les supportant, de couleur noire. L’expressivité post-moderne s’extirpe du brutalisme ambiant, de son béton.
Tous les projets de construction d’immeubles étaient soumis à l’appréciation et à l’agrément de Jean Willerval. La présence de Solidarité Gironde sur la maquette exposée dans le Centre d’Information en 1970, atteste de la liberté d’interprétation que Jean Willerval a bien voulu laisser aux architectes. Tout en respectant la double croix latine, ils ont pu faire preuve d’une grande originalité.
4 – arguments sur le statut canonique (local, national, international)
Bâtiment inscrit dans le périmètre du plan déterminé par Jean Royer et Jean Willerval pour la Rénovation Urbaine du Quartier Mériadeck et qui en respecte les exigences ainsi que celles de la Charte d’Athènes.
L’alignement continu de baies vitrées illustre particulièrement le droit à la lumière.
5 – évaluation du bâtiment en tant qu’édifice de référence dans l’histoire de l’architecture, en relation avec des édifices comparables
En reprenant la physionomie du plan en croix, de la taille de guêpe, ce bâtiment s’intègre parfaitement dans le quartier. Pourtant, par le traitement de ses façades (suspentes en acier, gaines d’aérations, couleurs, utilisation du métal), il se pose en cas particulier au sein du quartier, et de sa grande homogénéité de matériaux. Son style « façon Centre Beaubourg » en fait un immeuble remarquable du quartier, à la fois respectueux et irrespectueux.
DOCUMENTATION / ARCHIVES
Archives écrites, correspondance, etc…
Archives municipales : dossier de permis de construire 77 Z 0512
Principales publications (par ordre chronologique)
« Bordeaux, la conquête de la modernité » de Robert Coustet et Marc Saboya : Les grandes opérations urbaines des années 80 et 90 chez Mollat
Photographies et dessins récents
Solidarité Gironde : Direction Solidarité Gironde – Photo Sauvegarder Mériadeck
Solidarité Gironde : la taille de guêpe – Photo Sauvegarder Mériadeck
Solidarité Gironde : détails de la façade et des tirants – Photo Sauvegarder Mériadeck
Solidarité Gironde : détails baies vitrées et façade – Photo Sauvegarder Mériadeck
Solidarité Gironde : les escaliers de la rue Corps Francs Pommiès
Solidarité Gironde : maquette Royer/Willerval 1970 Photo Sauvegarder Mériadeck dans les locaux Bordeaux Métropole.