BORDEAUX MERIADECK – LA CAISSE
1 IDENTITE DU BATIMENT OU DE L’ENSEMBLE
Nom usuel du bâtiment : Caisse d’Epargne et de Prévoyance
Variante du nom : Caisse d’Epargne – La Caisse
Numéro et nom de la rue : 61 rue du Château d’Eau – îlot 2A
Ville : Bordeaux 33000
Pays : France
PROPRIETAIRE ACTUEL
Nom : Norbert FRADIN
Adresse : 61, rue du Château – 33000 Bordeaux
Téléphone :
ETAT DE PROTECTION
Type : Situé dans le périmètre de la ville de Bordeaux inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 2007
Date :
Type : Plan Local d’Urbanisme de Bordeaux-Métropole
Date : 2006 – modifié en 2014, fiche B 9029 – PLU 2016
Type : Inscrit au titre des monuments historiques par le Ministère de la Culture
Date : 24 mars 2014
ORGANISME RESPONSABLE DE LA PROTECTION
Nom : Ville de Bordeaux
Adresse : Hôtel de Ville, place Pey-Berland 33000 Bordeaux
Téléphone : 05 56 10 20 30
Nom : Direction Régionale des Bâtiments de France
Adresse : DRAC 57, rue Magendie 33000 Bordeaux
Téléphone : 05 57 95 02 02
2 HISTOIRE DU BATIMENT
Commande
Bordeaux devenant une métropole d’Equilibre en 1965, le programme du quartier Mériadeck, initialement exclusivement consacré aux logements, évolue vers un centre d’affaires, bancaire et administratif. Mais le nouveau quartier n’attire pas les investisseurs privés.
La Caisse d’Epargne et de Prévoyance qui souhaitait initialement s’implanter dans le nouveau quartier du Lac, décide finalement la construction d’un bâtiment dans le nouveau quartier Mériadeck.
Plus conciliante avec ce partenaire indispensable au développement du quartier tel que la ville le souhaitait, la SBRU autorise les architectes à ne pas respecter réellement les différents principes architecturaux imposés jusqu’alors dans le nouveau quartier, d’autant que l’architecte Edmond Lay a une réputation internationale et ne cache son admiration pour Frank Lloyd Wright, architecte du Musée Guggenheim de New-York en 1959.
En 1973, l’organisme bancaire fait appel à deux architectes avec qui il avait l’habitude de travailler, le cabinet Dugravier, Layré-Cassou. L’agence s’associe pour ce projet avec Edmond Lay, dont le style architectural sera très présent sur le bâtiment.
Le bâtiment reçoit le Grand Prix d’Architecture en 1984.
Il est inscrit à l’inventaire des bâtiments historiques le 15 avril 2014, pour sa coque et pour son aménagement intérieur « témoignage de l’architecture-sculpture de la 2ème moitié du XX° siècle ».
Architectes Edmond Lay, Pierre Dugravier
Autres architectes et intervenants Pierre Layré-Cassou (A.P.A.U.)
Date du concours 1973 – plan rectificatif 10 septembre 1973
Date de la commande 13 décembre 1973
Période de conception 1974/1977
Durée du chantier 1974 -1977
Inauguration 7 novembre 1977
Usage
Il s’agit d’un établissement bancaire comprenant des bureaux, un amphithéâtre, une salle des coffres, des salles de réunion, des bureaux, des guichets, un restaurant d’entreprise, un hall accueillant le public, un service bancaire avec des guichets de distribution de billets et un parking réservé au personnel.
Bien que son intérieur ait été réaménagé, cloisonné et adapté aux nouveaux fonctionnements de la banque des 1990, en 2012 le bâtiment ne correspond plus aux effectifs et usages de l’établissement bancaires et la Caisse d’Epargne décide en de construire son nouveau siège dans le futur quartier Euratlantique. Le bâtiment de Mériadeck est donc mis en vente. Le promoteur Norbert Fradin qui s’est porté acquéreur de l’immeuble souhaite le sortir « de sa gangue urbaine » et aménager dans sa partie haute des bureaux et des appartements, et sur la partie basse, un centre dédié aux arts et à la culture. Le projet doit être confié à l’agence d’architecture de Bernard Bühler.
Etat du bâtiment
Malgré les différentes campagnes de nettoyage de ses façades, celles-ci demeurent relativement sales.
Des modifications en rez-de-chaussée sur rue ont été effectuées pour offrir des services supplémentaires aux usagers de la banque et sécuriser l’accès. Ces modifications ne sont pas irréversibles et peuvent disparaitre dans le cadre d’une remise en état.
La partie Nord du bâtiment est masquée par les aménagements récents du centre commercial sur l’entrée rue du Château d’Eau.
Le passage entre le bâtiment et l’accès au centre commercial est longé par un mur qui vient cacher toute la partie Ouest du bâtiment.
L’intérieur a vu la création de bureaux en installant des cloisons amovibles. Le grand hall d’accueil a perdu ses perspectives et la verrière centrale est totalement masquée. Norbert Fradin, avec l’aide des services de la DRAC, devrait lui redonner son aspect original.
Résumé des restaurations et des autres travaux conduits, avec les dates correspondantes
1982 : ajout de 4 guichets de distribution automatique. Construction d’un muret de séparation avec le centre commercial.
L’intérieur a été régulièrement aménagé pour répondre aux nécessités d’un établissement bancaire recevant du public:
– les espaces initialement tous ouverts sur le hall central, sous la verrière, ont été successivement cloisonnés,
– la verrière centrale est occultée,
– une passerelle traversant le hall a été aménagée en différents bureaux,
– le parvis extérieur devant la banque a été refermé pour agrandir l’espace clientèle
– l’espace d’accueil est à maintes reprises redessiné, jusqu’à masquer totalement l’espace pourtant grandiose du hall.
1984 : installation de grilles-clôtures de protection en rez-de-rue.
3 DESCRIPTION DU BATIMENT
Situé à la lisière du quartier, le bâtiment ne reprend pas en totalité les règles architecturales données par Jean Willerval dans le cahier des charges du quartier. La taille de guêpe est présente mais masquée par les constructions anarchiques sur la rue du Château d’Eau. Elle reste lisible sur la rue Claude Bonnier. L’horizontalité des lignes est particulièrement travaillée avec la superposition des structures correspondant aux étages et à leurs fonctions.
L’entrée est de plain-pied sur la rue du Château d’Eau mais l’arrière du bâtiment s’appuie à la dalle à laquelle il aurait dû être directement relié mais les travaux n’ont jamais été faits au moment de la construction du centre commercial.
Il fait partie des bâtiments prévus comme la poste pour servir de transition entre la rue et la dalle mais la jonction ne sera pas réalisée.
Le bâtiment est constitué d’un empilement de disques, de cylindres et de plateaux, tour à tour ensembles de bureaux ou terrasses, de matériaux et de teintes différents.
L’immeuble s’organise autour d’une grande verrière centrale au-dessus de la zone d’accueil du public de 17 mètres de hauteur. Aux étages, les bureaux se répartissent autour de cette zone d’accueil bénéficiant ainsi d’une lumière naturelle zénithale.
Le bâtiment comporte deux noyaux de circulations verticales autour desquels s’articulent des planchers.
Le jeu des volumes et des matériaux intérieur/extérieur
Edmond Lay a créé une unité de matériaux et de teintes entre l’intérieur et l’extérieur : une gamme de ton jaune or a été déclinée sur les moquettes, vitrages, plafonds, mobiliers et bétons, les structures béton ayant été peintes. De même, sur ces structures béton, que ce soit en intérieur ou en extérieur, des éléments de remplissage en gros granulat de pierre jaune du Lot-et-Garonne ont été mis en place, aussi bien sur les façades extérieures que dans les locaux devant recevoir du public. On trouve dans l’aménagement intérieur des jardinières rondes dont une moitié se trouve en extérieur ou des bancs en béton brut.
En revanche, la massivité et la rudesse de ces façades ne laissent pas deviner la complexité et la subtilité des espaces intérieurs, qu’il est impossible de déceler depuis l’extérieur du bâtiment.
L’immeuble comprend 16 454 m2 de bureaux et 64 places de stationnement réservées au personnel.
Sa hauteur est de 24,75 m (haut du bâtiment à 32,50 m NGF).
4 RAISONS JUSTIFIANT LA SELECTION EN TANT QUE BATIMENT DE VALEUR REMARQUABLE ET UNIVERSELLE
1 – appréciation technique
Le bâtiment est constitué d’un empilement de courbes et de plateaux à l’allure chaotique. Ceux-ci dégagent à l’intérieur du bâtiment de larges espaces s’emboitant entre eux, demi-niveaux, s’articulant dans une grande fluidité, comme l’architecte a déjà pu l’expérimenter dans ses autres réalisations. La structure, en retrait, n’est jamais exprimée en tant que telle, mais est mise en retrait devant l’expression formelle des espaces. Pourtant, pour rendre possible cet empilement et l’emboitement de ces espaces, des prouesses techniques ont dû être réalisées, dont notamment un porte-à-faux de 9 m pour dégager l’espace de l’entrée du bâtiment.
Un soin particulier a été apporté sur les matériaux : panneaux préfabriqués en gros granulat de pierre jaunes du Lot-et-Garonne, mais également sur les bétons, apportant une grande richesse architectonique au bâtiment.
2 – appréciation sociale
Situé en lisière du quartier, à côté de l’entrée du Centre Commercial, le bâtiment de la Caisse d’Epargne apparait comme un élément référence du quartier. Pourtant, sa différence formelle par rapport aux autres bâtiments du quartier, avec ses rondeurs, ses teintes, son architecture complexe, son accès à la rue, en font un cas particulier. A l’image du quartier dans son ensemble, le bâtiment a ses admirateurs et ses détracteurs, mais de façon bien plus exacerbée, il ne laisse jamais indifférent.
Ensemble bancaire, le bâtiment crée une certaine animation dans le quartier, mais sa position en lisière du quartier et son accès public depuis la rue limitent cette animation au niveau de la rue.
3 – appréciation artistique et esthétique
En ne respectant pas totalement les prescriptions du cahier des charges alors imposées à l’ensemble des immeubles construits sur le quartier, le bâtiment a créé son propre vocabulaire formel, en opposition même parfois à l’ensemble du quartier: formes arrondies, complexité de ses espaces intérieurs comme extérieurs, inclinaisons de ses parois, rugosité de sa peau, empilement chaotique de plateaux, etc.
A l’image de ces façades extérieures, les espaces intérieurs bénéficient d’un travail complexe d’emboitement, de communication, de glissements, que ce soit pour les espaces devant accueillir du public, ou pour des espaces plus fonctionnels réservés aux employés. L’architecte ne prive aucun espace de son jeu architectural et architectonique complexe. Chaque espace est une expérience architecturale.
Beaucoup d’architectes rapprochent sa forme de celle du musée Guggenheim de New-York dessiné par Franck Lloyd Wright en 1959, sans pour autant y voir une citation textuelle. L’influence de l’architecte américain sur le travail d’Edmond Lay est visible sur de nombreux autres projets.
4 – arguments sur le statut canonique (local, national, international)
Le bâtiment a été inscrit au titre des monuments historiques en mars 2014. « L’inscription porte sur l’édifice en totalité, comme témoignage de l’architecture-sculpture de la deuxième moitié du 20ème siècle », précise la préfecture. L’inscription porte sur le bâtiment en totalité.
5 – évaluation du bâtiment en tant qu’édifice de référence dans l’histoire de l’architecture, en relation avec des édifices comparables
Le bâtiment s’inscrit pleinement dans le travail de recherche de son architecte, Edmond Lay.
Comme sur ses autres réalisations, on y retrouve des références à l’œuvre de l’architecte Frank Lloyd Wright, influence majeure d’Edmond Lay, que ce soit pour son expressivité architecturale ou pour la fluidité de ses espaces. L’édifice ne peut être réduit à ses rappels formels avec le musée Guggenheim de New-York, construit par Frank Lloyd Wright, l’architecte ayant su développer un langage et une complexité propres.
DOCUMENTATION / ARCHIVES
Archives écrites, correspondance, etc…
Archives municipales de la ville de Bordeaux: permis de construire et correspondances.
PC 73 Z 735 : construction du bâtiment et aménagements intérieurs suivant les plans d’Edmond Lay. Plans.
PC 82 Z 0490 : installation des guichets GAB
PC 84 Z 5122 : aménagements extérieurs en rez-de-rue par P. Dugravier. Installation d’un muret et de grilles de protection.
Fonds Moderne des Archives Municipales : 538 O 1.
Fonds Mériadeck de La Mémoire de Bordeaux
Dessins, photographies, etc…
Maquette de 1974 – plan masse de Jean Willerval.
Principales publications (par ordre chronologique) :
1979 : CREE, Revue d’Octobre sur l’Architecture intérieure
1984 : Le bâtiment reçoit le Grand Prix de l’Architecture.
2014 : Inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques, extérieur et intérieur comme « témoignage de l’architecture-sculpture » des constructions du XXème siècle.
Peu de documents peuvent être consultés, son architecte, Edmond Lay, étant toujours en vie.
Photographies et dessins récents
Caisse d’Epargne : plans et maquettes
Caisse d’Epargne : Photographies Sauvegarder Mériadeck